Histoire du football féminin

Débuts du football féminin
Dès son apparition au milieu du XIXe siècle, le football moderne a séduit de nombreuses(x) sportives(fs). Pour développer le sport et permettre à différentes équipes de se rencontrer, de nombreux clubs ainsi que la Football Association (fédération anglaise de football) sont créés dans les années 1860-1870. Si les matchs entre équipes masculines se multiplient, les rencontres féminines de football peinent toutefois à se développer. Il faut attendre mai 1881 pour voir la première rencontre internationale opposer les équipes d'Ecosse et d'Angleterre.
Le football masculin se professionnalise dans les années 1880 avec la création de la League (championnat anglais) en 1888, 17 ans après la mise en place de la FA Cup (coupe nationale anglaise). Pour autant, les femmes sont loin de pouvoir prétendre à ce statut : nombreuses sont les critiques venant des spectateurs ou journalistes de l'époque. En 1895, sous l'impulsion de Nettie Honeyball (surnom), le premier club féminin de football est fondé en Angleterre. Le British Ladies' Football Club regroupe alors une trentaine de joueuses. Honeyball déclare alors que le football est "un sport viril qui pourrait aussi bien être féminin ".

Essor du football féminin
Malgré la création de plusieurs clubs féminins, les soutiens au football féminin sont rares : il faut attendre la Première Guerre Mondiale pour assister à son véritable essor. En 1917, le club Fémina Sport de Paris - fondé en 1912 - organise la première rencontre féminine de ballon rond en France. Quelques semaines plus tard, les Françaises sont imitées par les joueuses du Dick, Kerr's Ladies Football Club (DKLFB), en Angleterre, afin de récolter des fonds pour les soldats.
En janvier 1918, la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France (FSFSF) est fondée, peu avant la création du premier Championnat de France de football féminin. Celui-ci regroupe tout d'abord des clubs parisiens, dont le Fémina Sport, victorieux lors de la première édition de la compétition.
L'année 1920 traduit l'excellente santé du football féminin : deux matchs opposants des joueuses du DKLFB et du Fémina Sport rassemblent 25 000 puis 12 000 spectateurs. L'engouement est tel que certaines sportives sont rémunérées (illégalement) au début des années 1920. A Goodison Park (Liverpool), alors que 150 clubs anglais sont déjà recensés, 53 000 personnes assistent à une rencontre lors d'une tournée du DKLFB. En France, la FSFSF ouvre son championnat aux clubs de province dès l'année 1920, pour un premier succès du club parisien de l'En Avant. Le nombre de matchs internationaux augmente considérablement : des sélections anglaises et françaises s'affrontent régulièrement dans les deux pays.
Interdiction du football féminin
Fin 1921, la Football Association interdit aux femmes l'accès aux terrains de ses clubs membres. Très vite la Ladies Football Association est créée pour permettre à un maximum de joueuses de continuer à jouer au football. En France, la situation n'évolue guère : la Fédération France de Football Association refuse toujours de prendre en charge le football féminin, contrairement à la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France (FSFSF). En 1925, les détracteurs du football féminin se font plus nombreux et plus violents ; Henri Desgrange, journaliste à L'Auto déclare notamment : "Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable !". Ces-derniers utilisent par ailleurs le décès d'une joueuse ainsi que la professionnalisation croissante du football féminin - primes, transferts, etc. - pour tenter de l'interdire.
Les années 1930 et la Seconde Guerre Mondiale vont être fatales au football féminin. Le championnat organisé par la FSFSF disparaît en 1932, après un onzième succès du Fémina Sport. Cette compétition sera remplacée un an plus tard par un championnat organisé par la Ligue de Paris de football mais ce-dernier ne connaîtra pas le même succès. L'équipe de France de la FSFSF joue quant à elle son dernier match international la même année. La FSFSF se désolidarise complètement du football féminin en le radiant des sports qu'elle soutient en avril 1933, imitée en novembre par la Fédération d'Italie de Football qui met fin au récent développement du football dans le pays. En 1937, alors que le football féminin a complètement disparu en province, la Ligue de Paris met fin au Championnat de Paris, l'opinion ainsi que les autorités politiques s'opposant vivement à la pratique féminine du football. Durant la guerre, en 1941, le régime de Vichy met définitivement terme au football féminin - ainsi qu'à de nombreux sports pratiqués par les femmes - jugé "nocif pour les femmes".
Reprise progressive du football féminin
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le football féminin peine à se relancer même si quelques matchs ont tout de même lieu de 1947 à 1951 entre la France et l'Angleterre et de plus en plus de clubs sont recensés en Angleterre. En 1955, d'importantes avancées sont à noter puisque deux fédérations féminines de football sont crées aux Pays-Bas et en Italie - cette-dernière sera rapidement remplacée. Pour autant, la fédération allemande de football, comme d'autres fédérations nationales, refuse d'accueillir les équipes féminines sur ses terrains. Cela n'empêche pas l'organisation de nombreuses rencontres en Allemagne à l'instar d'un match entre la République fédérale d'Allemagne et les Pays-bas en 1956.
En 1965, le Dick, Kerr's Ladies Football Club fête son cinquantième anniversaire (pour plus de 850 matchs joués). Cette année marque également le renouveau du football féminin en Europe et plus particulièrement en Tchécoslovaquie où une fédération féminine est créée et en Italie. Alors que les deux pays s'affrontent régulièrement lors de matchs internationaux, l'Italie crée en 1968 un championnat de football féminin. Quelques mois plus tôt, la Ligue de Paris intègre Martine Giron : la première arbitre officiellement certifiée. La même année, plusieurs sections féminines sont montées en France sous l'impulsion des joueuses du Stade de Reims Football Club. Ces-dernières participent à de nombreux tournois internationaux où elles retrouvent parfois une sélection alsacienne. En 1969, un premier championnat d'Europe sacre la sélection italienne* et incite les différentes fédérations de football à se pencher sur le devenir du football féminin. En mars 1970, la Fédération Française de Football reconnait officiellement le football féminin. La même année, une Coupe du Monde est organisée et couronne le Danemark* avant que l'Allemagne ne reconnaisse à son tour le football féminin. Alors que la plupart des fédérations nationales de football l'ont déjà reconnu, la Football Association met fin en 1971 au bannissement du football féminin**.
*Le Championnat d'Europe 1969 et la Coupe du Monde 1970 ne sont toutefois pas officiellement reconnus par les instances internationales du football.
**La Football Association s'excuse en 2008 pour avoir banni les femmes du football.
Le renouveau du football féminin
Si le football féminin est relancé au début des années 1970 en Europe, c'est aux Etats-Unis que le sport va prendre une importance considérable et se moderniser. En 1972, l'amendement Title IX of the Education Amendments of 1972 est voté aux Etats-Unis. Sa mise en place empêche toute discrimination liée au sexe dans les programmes ou activités éducatifs. Mais c'est au niveau du sport universitaire que cet amendement va avoir le plus d'importance : dès les années 1980 et l'ouverture de la National Collegiate Athletic Association au sport féminin, le nombre d'adeptes et de compétitions féminines explose. Le football (ou soccer) n'y échappe pas et voit le nombre de pratiquantes dépasser la barre du million au début de la décennie.
En Europe, la percée du football féminin est légèrement plus lente : les acteurs du football féminin souhaitent s'inspirer du modèle masculin et créent ainsi plusieurs championnats nationaux avant de développer les sélections nationales. Malgré la montée en puissance des clubs européens, les Etats-Unis dominent le sport au niveau international. Ils remportent notamment les premières éditions de la Coupe du Monde (officielle) et des Jeux Olympiques, en 1991 et 1996. Cette-dernière devient d'ailleurs la compétition phare du football féminin et sacre à plusieurs reprises la sélection américaine. Pour autant, le football européen continue de progresser dans les années 1990 - avec une victoire en Coupe du Monde de la Norvège en 1995 - imité par le Brésil ainsi que la Chine dans les années 2000. L'Allemagne tient par exemple les premiers rôles en remportant les Coupes du Monde 2003 et 2007 et les Championnats d'Europe 2001 et 2005. L'UEFA en profite pour créer une Ligue des Champions féminine de football en 2001. Les clubs allemands, qui peuvent compter sur un vivier important de joueuses, dominent ainsi les premières éditions de la compétition avant l'arrivée au premier plan de l'Olympique Lyonnais. Le club français, bien que peu médiatisé s'appuie notamment sur l'ouverture au statut de joueur fédéral en 2009 pour bâtir une équipe capable de rivaliser avec les cadors européens et remporte très rapidement plusieurs éditions de la compétition. Le football féminin français prend ainsi beaucoup d'ampleur et des clubs comme le Montpellier HSC et le Paris Saint-Germain investisse dans le développement de leurs sections féminines. Sur le plan international, l'hégémonie de la sélection étasunienne est parfois contestée : le Japon remporte par exemple la Coupe du Monde 2011 et l'Allemagne s'impose lors des Jeux Olympiques de 2016.
